Attention, le droit évolue vite, ce qui est vrai aujourd’hui peut ne pas être vrai demain. Les articles présentés peuvent ne pas être totalement adaptés à votre situation ou à l’état du droit. Ils reflètent l’investissement de notre cabinet auprès des victimes.
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C’est à l’initiative de l’association 13Onze15, rassemblant les victimes des attentats du 13 novembre 2015, que s’est tenu le 2 décembre dernier, à l’Hôtel de Ville de Paris, un colloque passionnant intitulé « Comment construire de la Sécurité ».
Très attendues furent bien évidemment les prises de parole de Monsieur François MOLINS, Procureur de la République de Paris, autour de la thématique de la gestion de communication de crise, celle de Thierry BAUBET, responsable de la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP) du 93, et de Juliette MEADEL, ancienne Secrétaire d’Etat à l’Aide aux Victimes sur le thème de l’accompagnement des victimes pendant et après les attentats.
Introduisant les travaux de ce séminaire, Madame le Maire de Paris, Anne HIDALGO, a rappelé cette nécessité de développer, face à la menace terroriste, « des anticorps ».
En effet, les attentats de « Charlie Hebdo », en janvier 2015, ont impliqué, a-t-elle précisé, 2 jeunes accompagnés par l’aide sociale de la ville de Paris. « Notre société a toujours été présente pour ces jeunes quand ils en ont eu besoin et pourtant ils se sont retournés contre nous tous. Comment cela est-il possible ?… Il y a eu un travail très fort avec le Parquet de Paris, les juges pour enfants … Nous travaillons et à chaque fois que nous avançons, nous découvrons de nouveaux espaces à travailler, c’est un travail de chaque instant. Il y a une responsabilité collective, avec des réponses de police, de justice, des réponses sociales et sociétales… ».
C’est donc autour de ces différentes réponses que les intervenants ont donné leur point de vue, pour aborder les questions de la prévention, du contre-terrorisme, de la gestion de crise et de l’aide aux victimes.
Si les intervenants étaient tous d’accord pour constater que notre pays avait « beaucoup oscillé entre le déni et la panique dans ce moment de sidération », il n’en reste pas moins « qu’entre les deux il y a cet espace de prise en charge ».
Aujourd’hui, 2700 jeunes, « radicalisés », sont pris en charges, et plus de 1000 familles sont accompagnées.
Ce qui semble fonctionner, c’est une prise en charge individualisée, pluridisciplinaire.
L’objectif est clairement de prévenir la radicalisation des esprits, notamment par l’école ou les milieux associatifs et sportifs.
Dans cet état d’esprit, il semble important de soutenir les acteurs du contre-discours radical.
C’est dans ce contexte que Frédéric LAUFERON a présenté le projet RIVE (Recherche et Intervention sur les Violences Extrémistes) destiné à la prise en charge, sous contrainte, des personnes radicalisées.
A ce stade, et contrairement aux idées reçues, il est important de noter que plus de 86% des personnes actuellement incarcérées pour faits en lien avec le terrorisme, environ 400 personnes, ne se sont pas radicalisées en prison, qu’elles connaissent le plus souvent pour la première fois.
Les analystes du contre-terrorisme souhaitent, pour leur part, préciser que 60% des individus actuellement condamnés pour association de malfaiteurs à visée terroriste seront libérables en 2020.
Sans oublier les quelques revenants du Djihad d’aujourd’hui « qui seront les vétérans de demain ».
Enfin, le Général Jean-Claude GALLET, commandant la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, a présenté le retour d’expérience de l’organisation des secours dans une configuration aussi dramatique que celle du 13 novembre 2015 : mobilisation des CUMPS, appel aux volontaires, mise en place des Centre d’Accueil des Impliqués etc…
Un petit mot sans doute pour finir sur le long périple des victimes dans leur phase indemnitaire : pour beaucoup d’entre elles, cette phase est loin d’être achevée et les obstacles sont nombreux pour aboutir à la prise en compte de l’indemnisation intégrale du préjudice.
Au regard des difficultés avec le Fonds de Garantie, sans doute certaines d’entre elles devront, sans états d’âmes, recourir à l’arbitrage du juge.
En conclusion, face à une nouvelle menace qualifiée « d’endogène », où l’extrémisme est aussi « un état d’esprit », une stratégie est nécessaire, à la condition toutefois d’avoir pris conscience de l’ampleur d’une problématique « partie pour être un phénomène structurant de notre siècle ».
En réalité, si chacun appelle à la modestie dans ce domaine, il nous faut comprendre que l’enjeu reste plus de contrôler que d’éradiquer ce phénomène.
L'auteur de cet article :
Me Hervé Gerbi, Avocat fondateur et Gérant.
Avocat à Grenoble, Maître Hervé GERBI est spécialisé en dommages et préjudices corporels, et en corporel du travail. Il est titulaire d’un diplôme de psychocriminalité (analyse criminelle).